mardi 13 janvier 2015

Hommage au bien aimé Zuiken Inagaki sensei, enseignant Jodo Shinshu de qualité (1885-1981) parti un 13 janvier.
Les poèmes qui suivent sont de lui. _/\_

(Les numéro entre parenthèses sont les numéros alloués à 200 de ses poèmes dans l'édition bilingue sorti sous le titre 'Shinshu Dharma-Pada'. Nous devons cette édition et les traductions à son fils Zuio Inagaki )























"Vous serez sauvés sans aucun doutes,"
             Amida nous le certifie avec assurance;
L'assurance du Buddha
     devient notre assurance. (65)































La réelle valeur de quelqu'un est trouvé sur son lit de mort,
   ou son pouvoir n'est rien
Ne soyez pas prétentieux !
   Quand vous ferez face à la mort, vous entenderez sa voix,
     "Comme est grand le Pouvoir du Vœu!" (67)































"Je comprends très bien mais je n'ai pas l'esprit fixé1 -
C'est parce que vous n'avez pas encore rencontré 
            la compassion du pouvoir 
               du Vœu Primordial.  (94)































Pour atteindre la naissance rien n'est requis, rien !2
       en effet, comme vous vous tenez ;
            rien - vraiment rien - n'est requis. (99) 































Dans Namo Amida Butsu
     l'appel du Pouvoir du Vœu Primordial - 
         Shinjin est trouvé et également
           la naissance dans la terre pure. 
Comme il est digne de confiance ! (190)































Au milieu de l' ignorance obscure et des passions aveugles,
      Il n'y a aucune voie pour la naissance dans la Terre Pure.
Le Tathâgata devient 
      La voie et la Torche.3
Namo Amida Butsu, Namo Amida Butsu. ( 169) 































Le Nembutsu4 est louange et reconnaissance
pour la bienveillance du Tathâgata.
C'est la manifestation de l'esprit qui
loue le Tathâgata
et se réjouie dans le bonheur qui nous est donné. (138)


















Zuiken Inagaki sensei (1885.1981.)

___







1. Cet esprit est l'un des 3 esprit du 18e vœu appellé aussi le vœu primordial d'Amida.
Ce 2e esprit contient les deux autres qui sont le désir d'aller en terre Pure et l'esprit sincère. C'est Shingyo, la Foi réjouie. Cette Foi transféré en nous par le Buddha Amida est la vraie cause de notre naissance en terre Pure.


2.Aucune pratique n'est requise pour aller naître en Terre Pure et réaliser l'état de Bouddha : Ni sagesse particulière, ni les techniques méditatives, ni la récitation des sutras ni des mantras, ni le respect strict des préceptes comme faire faire de bonnes actions et même pas par le Nembutsu si celui-ci est basé sur la volonté, sur la force ou l'habilité du pratiquant. Dans ce cas-ci ce sera un Nembutsu du pouvoir propre (que l'on oppose au Nembutsu du pouvoir personnel) le Nembutsu du 20e vœu pas celui du 18e.


3. On ne peut s'empêcher de penser au  wasan bien connu de notre tradition :
Il est une grande torche dans la longue nuit de l'ignorance;
Ne vous attristez pas que votre œil de sagesse soit obscurci;
Il est un navire dans le vaste océan des naissances-et-des morts;
Ne vous affligez pas que vos obstructions de mauvais karma soient lourdes.
         Shozomatsu wasan, (hymne des âges derniers) 36 Par Shinran shônin


4. Le Nembutsu c'est Namo Amida Butsu, litt. Révérence au Buddha Amida, mais Maître Shinran reprendra l'explication de Maître Shantao : 
Namo Amida Butsu :  Je prends refuge dans le Buddha Amida. 
   voir KGSS II:34 par Shinran shônin


Sur Zuiken (en anglais) cliquez Ici

lundi 12 janvier 2015

Les effets de la Foi [7/7]


Voici la 7e et dernière partie du document un modèle de foi Jôdo Shinshu, qui sont une collecte de question posée au révérend ryōsetsu Fujiwara, un révérend de notre école ayant enseigné entre autre aux Etats-unis. Un document que je juge de qualité et que rev. Josho adrian Cirléa considère ni plus ni moins comme "Un équivalent Jôdo Shinshû du catéchisme catholique".

Les précédentes parties sont :

1-  Notions préliminaires
2- le Bouddha Amida 
3- la fonction du nom 
4- la relation entre le nom et le vœu  
5- La nature de la Foi
6- La signification du Nembutsu






VII. Les effets de la foi 




1. Quels sont les effets de la foi du Shinshū?
-  Ils sont  au nombre  de deux.  L'un  est  le  bienfait  d'atteindre  le 
nirvāṇa;  l'autre  est  le  bienfait  de  demeurer  dans  le  groupe  des 
fixés dans le vrai. Ces deux bienfaits sont promis dans le 11e vœu  
d'Amida. 

2. Qu'est-ce que le nirvāṇa ?
- Nirvāṇa(nehan 般涅) est un mot sanscrit signifiant « extinction 
» (de la flamme du désir), ou « délivrance » (du saṃsara, le cycle 
des  naissances  et  des  morts).  Le  Grand  Véhicule  le  considère 
comme la liberté et la tranquillité absolues. C'estun synonyme de 
l'état de buddha et il constitue le but ultime de la vie bouddhique. 
Ce terme est aussi utilisé parfois pour désigner le décès du Buddha 
Śākyamuni, puisque celui-ci, en tant que corps de transformation 
(sup.II-6), est considéré comme étant retourné au nirvāṇa parfait 
lors de sa mort physique. 

3. Qu'est-ce que « le groupe des fixés dans le vrai»? 
-  C'est  l'état  où  ceux  qui  ont  la  foi  véritable  sont  assurés  de  la 
naissance dans la Terre pure et de l'atteinte du nirvāṇa. Le groupe 
des fixés dans le vrai (shōjōju,  samyaktvaniyatarāśi) est identique  
au  stade  de  «  l’irréversibilité  »  (futaiten,avaivartika).  A  l'origine,
ce  terme  désigne  l'un  des  stades  du parcours  des  bodhisattva.  
Mais  Shinran  l'a  interprété  comme  le bienfait offert par Amida
au moment de l'éveil de la foi. 

4. Cela signifie-t-il que l'état de buddha soit partiellement réalisé 
en ce rang ?
-  Aussi  longtemps  que  perdure  notre  corps  physique  et  que  les 
mauvaises  actions  œuvrent  encore  jour  après  jour,  nous  ne 
pouvons pas devenir buddha. Nous demeurons des êtres ordinaires 
(bombu ,  pṛthagjana), remplis de souffrances et de passions jusqu'à
la  fin  de  notre  vie.  Le  seul  changement  est celui-ci  : puisque
la cause de l'état de buddha a été obtenue,la racine du mauvais karma
est coupée et n'entraîne plus d'effets dans la vie prochaine.

5. Que se passe-t-il si nous sommes troublés par les passions et la 
douleur sur notre lit de mort ?
- Rien de spécial ne se produit. Que nous souffrions d'agitations et 
de douleurs ou que nous conservions notre recueillement ne fait 
aucune différence. Puisque les mérites absolus du Buddha Amida 
ont  été  reçus  une  fois  pour  toutes  à  travers  la  foi et  que  nous 
sommes tous déjà dans l'embrassement indéfectible de sa lumière 
(sesshu  fusha ),  nous  obtenons  aussitôt  d'aller  naître
dans sa Terre pure (soku toku ōjō ), quelle que soit notre
condition mentale sur notre lit de mort. Et à l'instant même de la 
naissance  dans  la  Terre  pure,  nous  devenons  buddha  (ōjō soku 
jōbutsu). 

6. Le Shinshū parle-t-il de bienfaits pratiques de la foi, en plus de 
celui de la réalisation qu'est le nirvāṇa ?
- Dans son Kyōgyōshinshō, Shinran déclare que ceux qui ont la foi 
véritable adamantine obtiennent infailliblement « dix bienfaits en 
la vie présente » (genshōjisshu no yaku ). L'entrée dans
le groupe des fixés dans le vrai est l'un d'entre eux.


7.  Pourquoi celui-ci est-il mentionné dans le 11e vœu et non pas 
les neuf autres bienfaits ?
- Le bienfait de l'entrée dans le groupe des fixés dans le vrai est le 
plus  fondamental  de  ces  dix  bienfaits,  les  neuf  autres  étant  des 
bienfaits  dérivés  de  lui.  Cependant,  ces  bienfaits  individuels  et 
concrets  représentent  ce  que  Shinran,  dans  un  autre texte, 
dénomme « les bienfaits infinis ». Le nombre de ces bienfaits ne 
doit donc pas nous importer. 

8. Comprennent-ils des bienfaits matériels ?
-  Non.  Les  bouddhistes  ne  prient  pas  le  Buddha  pour obtenir 
quelques gains matériels, pas plus qu'ils n'attendent aucun miracle. 
Ils  essayent  seulement  de  se  conformer  à  la  loi  de  causalité  et 
s'efforcent  d'agir  avec  une  vision  correcte  des  choses  pour 
améliorer leur vie. 
Face à ces efforts, la foi en Amida peut offrir non seulement un 
encouragement  spirituel  mais  aussi  des  bienfaits  matériels. 
Cependant, ces derniers ne sont pas particulièrement expliqués : 
les  fermiers  cultivent  pour  avoir  le  grain  et  ils  obtiennent  aussi 
naturellement de la paille, sans que celle-ci soit le but recherché.
Les bienfaits tels que la protection par tous les buddha(4 e
des dix  bienfaits), la protection par les foules invisibles(1er),
les louanges par tous les buddha(5e), la  protection constante par la lumière 
spirituelle  du  Buddha  Amida (6e)  et  la  multiplication de  la  joie 
dans le cœur(7e) sont quelques exemples montrant comment la foi 
du Shinshūnous aide à goûter une vie heureuse. 

9. Certains de ces dix bienfaits comprennent-ils des effets d'ordre 
moral ?
- La compassion d'Amida transcende même la moralité. Il délivre 
tous les êtres, sans distinction entre le bien et le mal. En outre, le 
but  de  l'éveil  de  la  foi  consiste  entièrement  à  recevoir  la 
compassion  d'Amida  et  à  obtenir  ainsi  l'éveil,  et  non  pas  une 
simple amélioration morale. 
Cependant, il est vrai que, loin d'être amorale, la foi véritable du 
Shinshū exerce une influence morale sur la vie humaine, même si 
le fidèle n'en est pas nécessairement conscient. Ainsi, par exemple, 
du  bienfait  de  la  transformation  du  mal  en  bien (3 e bienfait)  : 
transformer le mal en bien constitue vraiment l'idéal suprême de la 
vie  morale  ainsi  que  l'essence  de  tout  le  Grand  Véhicule;  le 
Shinshū montre  que  cela  est  possible  pour  tous  les  êtres,  en 
recevant le bien et les mérites suprêmes d'Amida. Les bienfaits de 
la reconnaissance et de l'hommage à sa bienveillance(8e), de la 
pratique constante de la grande compassion(9e) et de la dotation 
des mérites suprêmes(2e) semblent se rapporter à un effet moral, 
bien qu'ils ne puissent être concrétisés que par l'action d'Amida et 
qu'ils ne soient pas toujours perceptibles par les êtres. 
Somme toute, tous ces bienfaits proviennent du bienfait de  l'entrée 
dans  le  groupe  des  fixés  dans  le  vrai (10e),  qui  constitue  le 
fondement  de  nos  sentiments  d'espérance,  de  soulagement,  de 
bonheur, de joie et de gratitude. 

10. Où le nirvāṇa peut-il être atteint ?
- Des écoles du pouvoir personnel affirment que le nirvāṇa peut
être atteint même en ce monde-ci, pour autant que l'on accumule
des  bonnes  actions  pures  et  que  l'on  produise  en  soi-même  la
sagesse absolue.
Mais dans les écoles de la Terre pure, on réalise le nirvāṇa par la
compassion d'Amida  après la naissance dans sa Terre pure. Car,
selon  la  conviction  de  ces  écoles,  il  est  difficile à  l'homme
d'accomplir une telle discipline de sanctification en ce monde-ci.

11. Quelle est la signification de la naissance dans laTerre pure ?
-  Shinran  soulignait  que  la  naissance  dans  la  Terre pure  est
« naissance  à  la  non-naissance »  (mushō no  shō ), c'est-à-dire
 la fin du cycle des naissances et des morts (saṃsara), et  que  cette
naissance même  dans  la  Terre  pure  est, en  fait, la réalisation
de l'état de buddha, le nirvāṇa. 
Par  contre,  d'autres  écoles  de  la  Terre  pure  déclarent  que  le 
nirvāṇa  ne  pourra  être  atteint  qu'après  une  longue  période  de 
pratique supplémentaire dans la Terre pure elle-même. Selon ces 
écoles,  la  Terre  pure  n'est,  pour  ainsi  dire,  qu'un lieu  approprié 
pour  étudier  et  pratiquer  sans  crainte  de  reculer  dans  les  rangs 
inférieurs de la voie. 

12. La signification littérale du nirvāṇa paraît plutôt négative. Le 
nirvāṇan'a-t-il pas une nature plus positive ?
-  Atteindre  le  nirvāṇa,  c'est  achever  l'état  de  buddha.  L'état  de 
buddha  signifie  la  perfection  de  la  sagesse  et  de  la  compassion 
absolues,  tant  pour  soi-même  que  pour  autrui.  Sur  cette  base, 
Shinran a  souligné  la  profonde  signification du double  transfert 
des mérites, soit le « transfert des mérites dans la phase de l'aller» 
(ōsō-ekō) et le « transfert des mérites dans la phase du retour» (gensō-ekō). 
Le premier signifie qu'Amida nous transfert ses propres mérites 
pour nous permettre d'atteindre l'état de buddha :  c'est la perfection 
de la sagesse pour soi-même (jiri). 
Le  second  montre  que  c'est  aussi  à  travers  le  transfert  des 
mérites d'Amida que celui qui a atteint l'état de buddha reçoit le 
pouvoir  spécial  de  retourner  dans  les  mondes  corrompus  pour 
délivrer les êtres : c'est la perfection de la compassion en faveur 
d'autrui (rita). 
Le  premier  de  ces  deux  transferts  est  promis  dans  le  11e
vœu d'Amida, et le second dans son 22e vœu. 

13.  Que penser  de l'opinion selon  laquelle  le  fidèle  du Shinshū
devrait  accomplir  les  activités  du  transfert  des  mérites  dans  la 
phase du retour dès la vie présente, et non pas seulement après la 
mort ?
-  Selon  les  conceptions  orthodoxes  du  Shinshū,  le  transfert  des 
mérites  dans  la  phase  du  retour  est  le  bienfait  qui sera  reçu  à 
l'instant de la réalisation de l'état de buddha. C'est la cristallisation 
du cœur positif et compatissant du Buddha en faveur de tous ceux 
qui souffrent. 

14. Si le transfert des mérites dans la phase du retourest limité à 
la vie future, le Shinshū ne voit-il pas de nécessité à venir en aide 
aux autres dès cette vie-ci ?
- Bien sûr, cela est extrêmement important. Cependant, selon les 
conceptions  orthodoxes  du  Shinshū,  une  telle  activité  n'est  pas 
dénommée « transfert des mérites dans la phase du retour ». Dans 
ce  cas,  d'autres  expressions  sont  utilisées,  comme  celles  d'« 
activités en faveur d'autrui », de « pratique de reconnaissance et de 
gratitude » ou de « service du  dāna(don désintéressé) », etc. Un tel 
esprit  de  service  est  vraiment  nécessaire  pour  les  fidèles  du 
Shinshū qui  souhaitent  réaliser  l'idéal  de  la  compassion bouddhique
et  diffuser  ainsi  l'enseignement  du  Buddha  à  toute 
l'Humanité dans notre monde actuel chaotique.



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50 Les  maîtres  postérieurs  à  Shinran  parlent  ainsi  de la  «  réalisation  du 
karma au milieu de cette vie-ci » (heizei gōjō).

51 L'expression vient du Sūtra des contemplations; v. Le Gué, p. 115. 

52 Les  dix bienfaits sont 1° la protection par la foule des êtres invisibles 
(myōshu goji), 2° la dotation des mérites suprêmes (shitoku gusoku),
 3° la transformation du mal en bien (temmaku jōzen), 4° 
la protection par tous les Buddha (shobutsu gonen), 5° les louanges 
par tous les Buddha (shobutsu shōsan), 6° la protection constante 
par  la  lumière  spirituelle  du  Buddha  Amida  (shinkō jōgo),  7°  la 
multiplication  de  la  joie  dans  le  cœur  (shin  ta  kangi),  8°  la 
reconnaissance  de  la  bienfaisance  du  Buddha  et  l'hommage  à  ses  mérites 
(chion hōtoku), 9° la pratique constante de la grande compassion
(jōgyōdaihi), 10° l'entrée dans le groupe des fixés dans le vrai (nyū
shōjōju). V. Kyōgyōshinshō, ch. III-65 (CWS, p. 112).

53 Shinran dit dans les Notes anthologiques de la Terre pure : «  Qui produit 
la foi et prononce le nom est enveloppé par la lumière  [d’Amida]  et obtient 
aussi des mérites infinis(muryōtoku) en la vie présente» (Nembutsu shōshin ge,
stance 9; CWS, p. 305). 

54 Comparaison tirée du Sūtra des questions de Subāhu(ou  Kōkan'yukyō). 

55 Tels le Tendai, le Shingon et le Zen. Voir Tannishō, ch. 15.

56 Kōsō-wasan 46  (CWS,  p.  372),  qui  s’inspire  du  Commentaire de 
Tanluan (vol. 2; Inagaki, p. 239). 

mercredi 7 janvier 2015