mercredi 19 novembre 2014

La signification du Nembutsu par Fujiwara Ryōsetsu (Part. VI de 'Un modèle de la foi du Jōdo-Shinshū')

Après :
I     Notions préliminaires
II    le Bouddha Amida 
III   la fonction du nom 
IV  la relation entre le nom et le vœu  
V  La nature de la Foi

Voici la sixième partie du texte 'Un modèle de la foi du Jōdo-Shinshū' du Révérend Fujiwara Ryōsetsu , traduit et annoté par Rev. Jérôme Ducor.
Joyeuse lecture ! !





VI. La signification du nembutsu





1. Si la foi est la vraie cause pour la naissance dansla Terre pure et l'éveil, quelle est la nature du nembutsu? 41
- Dans le Shinshū, le  nembutsu est la manifestation de notre foi intérieure,  c'est-à-dire  l'expression  spontanée  de  notre  gratitude envers Amida pour nous avoir délivrés (shōmyō hōon). De même que la foi est éveillée par le Pouvoir autre, le nembutsu est  aussi  éveillé  par  le  Pouvoir  autre.  Par conséquent,  nous  ne devons  avoir  aucun attachement  à  notre  propre  action  de  le prononcer. 



2. Comment pouvez-vous dire cela ? Le 18e vœu semble requérir le nembutsu comme  condition  pour  la  naissance  dans  la  Terre pure ! 42                                                                                                           - Dans la tradition de l'enseignement de la Terre pure en général, jūnen est compris comme signifiant « dix prononciations du nom du Buddha »; tandis que naishi y signifie « même », « jusqu'à ». Mais  Shinran  interprète  naishi comme  un  mot  signifiant  « plusieurs et un seul »43. Le terme  naishi ne limite pas le nombre de  nembutsu ni sa durée dans le temps. Ainsi,  naishi-jūnen ne signifie  pas nécessairement dix prononciations exactement :  l'expression implique  n'importe  quel  nombre,  depuis  des  répétitions innombrables jusqu'à une seule prononciation. La prononciation du nom ne peut être la condition ni la cause de la naissance dans la Terre pure : elle ne constitue que l'expression spontanée de notre foi intérieure. Shinran dit ainsi dans le  Kyōgyōshinshō: «  La foi véritable est nécessairement accompagnée du nom. »44




3.  Nous  ne  devons  donc  pas  considérer  la  prononciation du nembutsu comme notre propre mérite ?
 - Non. Dépourvu d'ego, ce  nembutsu provient de la bienveillance d'Amida, comme dans le cas de la foi. Le  Tannishō(ch. 10) dit : «  Dans le  nembutsu, c'est le non-sens (mugi)  qui  est  sens  (gi);  parce  qu'il  est  incalculable, inexplicable et inconcevable. » L'absence de calcul et d'ego, ainsi que la foi de tout notre cœur constituent notre attitude de base, [comme dans la formule d'ouverture des sūtra qui dit :] « Voici tel quel ce que j’ai entendu» (nyoze ga mon)45.




4. La foi et le nembutsu apparaissent-ils simultanément ? Si non, lequel vient-il en premier ?                       - La  foi est éveillée en premier, et notre naissance dans la Terre pure est aussitôt fixée dès cet instant-là. Il n'y a aucune place pour que  la  prononciation  du  nom  s'immisce  dans  ce  moment-là.  Le nembutsu suivra l'éveil de la foi; il se manifestera à voix haute ou à voix  basse,  de  manière  continue  ou  intermittente,  chaque  fois qu'un sentiment de joie et de gratitude s'élève dans notre cœur.



5.  Dans  le  Tannishō  (ch.  2),  Shinran  exprime  sa  foi  en  disant qu'elle  ne  consiste  en  rien  d'autre  qu'en  l'enseignement  de  son maître Hōnen, soit :  « Nous serons délivrés par 'Mida seulement grâce  au  nembutsu. » N'est-ce  pas  en  contradiction  avec  votre explication précédente sur la foi et le nembutsu?
- L'enseignement  de  Hōnen  et  de  Shandao  se  caractérisait  par l'insistance sur le nembutsu, par contraste avec les diverses autres pratiques  requises  par  les  autres  écoles.  Cependant,  dans l'enseignement de Hōnen et de Shandao, le  nembutsu consiste en une prononciation du nom d'Amida fondée sur la foi véritable. Il ne  s'agit  pas  d'un  nembutsu du  pouvoir  personnel  mais  de  la 
méthode  caractéristique  de  la  délivrance  proclamée  par  Amida dans  son  vœu.  Shinran  utilisait  aussi  l'expression  «  nembutsu » notamment lorsqu'il se référait à l'enseignement de Shandao ou de Hōnen. 


6.  Le  nembutsu est-il  «  l'expression  de  la  gratitude » ou  «  lagrande pratique»?
- Nous  prononçons  le  nembutsu spontanément,  comme  une  expression  de  bonheur  et  de  gratitude  :  nous  ne  trouvons  donc aucun  mérite  dans  notre  propre  prononciation.  Mais  cependant, d'une manière plus essentielle, les mérites absolus incorporés dans le  saint  nom  lui-même  le  constituent  en  «  la grande  pratique  »  (daigyō), laquelle a été accomplie par Amida et se trouve en accord avec l'ainsité - comme l'a établi Shinran dans le volume de la pratique du Kyōgyōshinshō 46.



7.  Le nembutsu consiste-t-il en la prononciation du  «  nom en six caractères», de celui « en neuf caractères»ou encore de celui « en dix caractères»?

- Le nom en six caractères chinois est Na.mo A.mi.da Butsu,  qui  signifie  :
«  Révérence  au  Buddha  Amida ! »,  et c’est le plus répandu47. Mais on sait historiquement que Shinran et ses  disciples  prononçaient  occasionnellement  le  nom en  neuf caractères ou celui en dix caractères.
Le nom en neuf caractères est Na.mo Fu.ka.shi.gi.kōNyo.rai,  ce  qui  signifie  :  «  Révérence  au  Venu-de-l’ainsité Lumière-Inconcevable !»48
Celui en dix caractères est Ki.myō jin.jip.pō Mu.ge.kō Nyo.rai  et  signifie  :  «  Je  m’en  remets  auVenu-de-l’ainsité Lumière-Illimitée remplissant les dix directions ! »49
Ces deux dernières formulations expriment la foi dans le Buddha Amida  et  ne  diffèrent  donc  pas  du  contenu  du  nom  en six caractères.





8.  Le  nembutsu doit-il se prononcer en japonais ou en traduction  ?
- Le  nom  en  six  caractères  est  une  transcription  phonétique  du  sanscrit au moyen de caractères chinois. Par la suite, il fut épelé avec l'alphabet japonais, puis latin. Dans le cas du nom en neuf caractères  et  de  celui  en  dix  caractères,  il  s'agit entièrement  de traductions  chinoises  prononcées  en  japonais,  à  l'exception  de l'expression  namo,  transcrivant  le  sanscrit.  Comme  notre Fondateur Shinran passe pour avoir utilisé aussi bien la formule en transcription  que  celles  en  traduction,  nous  pouvons  tout  aussi bien prononcer le nembutsu en japonais, en anglais ou dans quelle qu’autre langue que ce soit. Le point vital, c'est  que la foi constitue la base du nembutsu. 



9. Le nembutsu doit-il prendre une forme spéciale ou peut-il être prononcé dans des formes simplifiées ?
- Au  cours  de  la  longue  histoire  de  la  pratique  bouddhique, plusieurs formes de  nembutsu sont apparues, mais le Shinshū ne requiert  aucune  prononciation  formalisée,  sauf  dans le  cas  des  liturgies.  Certaines  gens  le  prononcent  à  la  manière  régulière  « Namo  Amida  Butsu »,  d'autres  dans  la  forme  simplifiée  « Nam'an-da bu». Selon les circonstances, on peut même ne pas avoir plus de temps que de dire une seule syllabe, comme « Nah» ou «  Ah». Enfin, certains peuvent se trouver dans l'impossibilité de le prononcer et le disent dans le silence de leur cœur. Quoi qu'il
en  soit  de  ces  différences  superficielles,  elles  ne changent absolument  rien  à  la  valeur  du  nembutsu,  parce  que  tous  les mérites sont incorporés dans le saint nom lui-même,et non dans la forme de sa prononciation.





Mugeko Nyorai : Le Tathagata Lumière Infinie



_______________________



41 Ce  chapitre  utilise  le  terme  nembutsu dans  le  sens  spécifique  de 
« nembutsu  jaculatoire  »  (shōmyō nembutsu),  autrement  dit  :  la
prononciation du nom du Buddha Amida. 


42 Le 18 vœu dit en effet : « ne serait-ce (naishi) qu'en dix nembutsu

(jūnen) »; cf. plus haut : IV-6. V. aussi Le Gué, p. 91.


43 Kyōgyōshinshō, ch. II-77 (CWS, p. 56).



44 Ch. III-50 (CWS, p. 107).



45Voir Shinran : Kyōgyōshinshō, ch. VI-37 (CWS, p. 227). 



46 Ch. II-1 (CWS, p. 13). 




47 Il vient du Sūtra des contemplations; cf. Le Gué, p. 88-89, 149.


48 La formule s'inspire du Poème louant le Buddha Amidade Tanluan.



49 La formule ouvre le Traité sur la Terre purede Vasubandhu. 




mardi 11 novembre 2014

Enseignants

Il est temps pour moi de présenter les enseignants qui m'ont permis de découvrir et de vouloir en savoir plus sur l'enseignement de cette école. Je dis citer car je ne suis pas douer pour en parler plus que cela, néanmoins cela faisait un certain temps que je souhaitais évoquer quelques enseignants que j'ai eu l'occasion de rencontrer que cela soit en "vrai" ou par le net et qui ont spécialement compté.






 L'année dernière j'ai eu le grand plaisir de rencontrer Jérôme Ducor, religieux de la Jôdoshinshû officiant en Genève au temple Shigyôji. J'avais eu la chance de lire son livre Shinran un réformateur bouddhiste dans le japon médiéval en 2008. 
Non seulement j'avais pu lire enfin Shinran en Français mais de plus l'ouvrage s'est avéré pour ma part excellent, relatant la vie de ce moine du XIII ème avec d'une manière simple et respectueuse tout en ne faisant pas de prosélytisme. Sa biographie plaisante à parcourir s'articulant fort bien bien avec l'Enseignement de la Terre Pure qu'il a transmis. Je conseille ce livre à toutes et tous.
Il est de plus appréciable que sa connaissance de la langue nippone et sachant lire le chinois  associé au fait qu'il ai une maîtrise dans cette école (Kyoshi) nous permette d'aller au plus prêt des textes de notre tradition.





 Sur le web j'ai pu faire la rencontre de Paul Roberts qui, si il n'a pas le niveau universitaire de révérend Ducor ni l'ordinnation de bonze, oeuvre sur internet sur son forum de discussion avec un autre compatriote américain. 
Ses billets sont souvent très long, le ton est direct et personnel et si je ne le contact plus depuis un certain temps il reste pour moi une référence bien que cela ne fasse qu'un peu plus d'une dixaine d'année qu'il enseigne par ce biais. Je n'ai pas eu de très longue discussions en privée avec lui mais par ses messages publiques il a su m'aider à y voir plus clair dans l'enseignement.


Si l'on me demandait " Qu'est ce qu'un bon enseignant pour toi ?" je répondrais :  une femme ou un homme étant disponible afin de partager les mots des sutras et des maitres avec autrui. C'est également quelqu'un s'appuyant régulièrement sur sur ce qu'on écrit les patriarches et sur les dits du Buddha. Une personne vous montrant la voie vers le don d'Amida qu'est la Foi sans s'en enorgueillir, n'essayant pas de faire de sa personne le point central de son message mais se tournera toujours vers le Voeu.  Elle/Il ne se sentira pas indispensable à votre libération car au final, seul Amida sauve.

Je dois citer d'autres enseignants qui comptent pour moi. Voici 4 noms vers qui je peux vous orienter les yeux fermés :

Zuiken sensei Enseignant Jôdo Shinshu très apprécié. Il a écrit en Japonais des dixaines d'ouvrages. Son style "zen", est direct et sans concession. Un enseignant toujours très inspirant ! je vous conseilles tout particulièrement ses poèmes 

Hisao Inagaki, fils de zuiken Inagaki. Il a traduit plusieurs ouvrages important de notre tradition en anglais. Citons les 3 Sûtras de la Terre Pure, le Commentaire de Tan Luan sur un traité de maître Vasubandhu à propos de la Terre Pure ainsi que l'oeuvre principale de Shinran : le Kyôgyôshinshô (KGSS).

Eiken Kobai un enseignant restituant très bien l'enseignement de Maître Shinran à travers ses livres. Paul roberts aime se s'en réfèrer souvent très souvent.

George Gatenby, qui a travaillé avec les deux premier vit en Australie. Lui aussi très disponible il à un site que j'affectionne particulièrement ou il commente les hymnes, les wasans de Maitre Shinran il s'agit de Notes on the Nembutsu. Cet été il a ouvert un nouveau site, encore une fois, de la grande qualité : The Udumbara Flower.

Richard St Clair, un américain qui oeuvre avec Paul Roberts sur 'True Shin Buddhism'. Son site est vraiment bien fait. Vous y retrouverez par exemple l'intégralité des Lettres de Rennyo (Ofumi ou Gobunsho) traduites par Ann Rogers et Minor Rogers.




" Des compagnons de la pratique exclusive du nembutsu se disputent en disant qu'un tel est "mon disciple" ou "le disciple d'un autre". Voilà une objection hors de propos !

Quant à moi Shinran, je n'ai même pas un seul disciple.

Voici pourquoi. Si je faisais dire le nembutsu aux gens par mon calcul personnel, cela ferait bien d'eux mes disciple. Mais il serait complètement incensé d'appeller "mes disciples" les gens qui disent le nembutsu recu des sollicitations de 'Mida.

S'il y a des conditions pour qu'ils me suivent, ils m'accompagnent, s'il y a des conditions pour qu'ils me quittent, nous nous quittons. Mais prétendre que celui qui se détoune de son maître pour commémorer le Bouddha (Nembutsu) en se joignant à un autre n'irait pas naître dans la Terre Pure, cela est injustifiable. Veulent-t-ils dire qu'ils lui reprendraient, comme si elle leur appartenait, la foi dont l'a gratifié le Venu-de-l'ainsité [Amida] ? Encore une fois cela ne doit point être !

Si nous sommes en adéquation avec le principe de spontanéité, nous reconnaîtrons la bienfaisance du Bouddha et, aussi bien, la bienfaisance de notre maître. "



Maître Shinran cité par un disciple dans le Tannishô (notes déplorant les divergences) Chapitre VI.
Traduit par Révérend jérôme Kenshô Ducor. _()_

lundi 3 novembre 2014

pensée..


Tous les bouddhistes ne méditent pas

Tous les bouddhistes ne sont pas végétariens (même si je le suis)

Tous les bouddhistes ne sont pas des sages

Tous les bouddhistes ne sont pas 'cool', calmes et souriants à longueur de journée (je confesse que pour ma tof de profil..)

Tous les bouddhistes ne comptent pas sur leur propres forces pour réaliser l'Eveil.

Gasshô



vincent
29 Octobre 2014