mercredi 23 janvier 2013

Allons-y gaiement !


La Foi ne survient pas
De l’intérieur de soi;
   Le cœur de foi est lui-même
   Donné par le Pouvoir-Autre
                                                              Rennyo shônin (1415-1499)


Ce billet remplace celui que j'ai posté à la fin 2012 intittulé "la véritable cause de la naissance..."


Parmi les 48 Vœux spéciaux que fit le bodhisattva Dharmakara certains furent sélectionnés pour pouvoir donner aux êtres une méthode pour aller naître dans ce qui deviendrait sa Terre Pure.
Ils sont au nombre de trois : Le 18ème vœu, le 19ème et le 20ème.


Le 19ème vœu dit que ceux qui "cultivent les mérites" en d'autres termes ceux qui s'en remettent à diverses pratiques tels la méditation ou le stricte respect des préceptes bouddhiques, verront arriver devant eux le buddha Amida à la fin de leur vie. 

Le 20ème vœu lui, parle de "planter la racine des mérites" qui est la pratique unique et personnelle du nembutsu, "Namo Amida Butsu", afin là également d'aller naître en Terre Bonheur-Suprême.

Le 18ème est celui qui nous intéresse tout particulièrement. C'est celui-ci qu'ont retenu les maitres de notre tradition et nous en verrons la raison plus loin. Il est ainsi présenté dans le Grand Sûtra de Vie-Infinie prêché par le Buddha Shakyamuni




« Si je deviens buddha et que les êtres des dix directions qui, d’un cœur sincère et d’une foi réjouiedésirent naître en mon royaume, ne serait-ce qu’en dix commémorations, ni naissaient pas, je ne prendrai pas le parfait éveil. Exception faite seulement de (ceux qui commettraient) les cinq perversions et la calomnie de la loi correcte. »




Voyons ce vœu dans les détails : 

Concernant les cœurs : 
Le cœur sincère
la foi réjouie,
ainsi que le désire de naître en Terre Pure sont ce que l'on nomme les trois cœurs. Shinran, suivant la logique du maitre Indien Vasubandhu, dira que ces trois cœurs sont tous inclus dans le second, c'est-à-dire la foi réjouie, que nous retrouvons plus tard dans ce Sûtra sous le terme de cœur de foi (Jap.Shinjin; Sansk: Prasanna citta).


Concernant les dix commémorations
"...Dire le nom est en soit-même la commémoration; la commémoration est nembutsu; le nembutsu est Namu Amida Butsu." écrira Shinran.
Notons que pour lui le nombre de nembutsu n'a pas d'importance. En effet il notera que dans la phrase "ne serait-ce que en dix commémorations" le terme "ne serait-ce que" " écrit-il "peut inclure les deux, une seule et plusieurs prononciations."* 

En ce qui concerne l'exception :
Pour Shinran et les maitres qui l'ont précédé il ne fait aucun doute que cette exception a été citer par le Buddha car ce vœu est si fabuleux et vaste, n'étant pas réservé a ceux qui peuvent suivre une discipline stricte que ceux qui reçoivent cette foi risquent de se laisser à n'importe quel comportement et peut-être au pire : les cinq perversions**et le calomnie de la loi correcte ou calomnier l'enseignement du Buddha. Cet exception est une mise en garde, un garde fou. Cependant même ceux qui commettent ces méfaits iront naître en sa Terre Pure, muni de la foi du Buddha.

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" Ainsi, qu'il s'agisse de la pratique ou du cœur de foi il n'y a rien qui n'est pas été réalisé à travers le transfert des mérites d'Amida aux êtres hors de l'esprit du vœu pure. Ce n'est pas qu'il n'y a pas de cause ou qu'il y a quelque autre cause. Laisse ceci être sue.


En effet cette foi n'est pas notre mais provient du Buddha qui nous en transfert les mérites par sa sagesse. Cette foi est la foi dite du Pouvoir-Autre, c'est à dire la foi du Pouvoir du Vœu du Buddha Amida résultant de sa propre pratique avant qu'il ne devienne un buddha.

Ce n'est donc pas une foi éveillée par le "pratiquant", par ses propres calculs, ses pensées ou par ses pratiques quelles qu'elles soient. Même pas par une prononciation volontariste du nom du Buddha : Namo Amida Butsu, car cela en reviendrait à planter la racine des mérites(20ème vœu), et donc à compter sur ses propres forces pour pouvoir aller naître en Terre Pure. 
Il nous semble important de se demander si nous sommes capable de nous éveiller pleinement par nous même, par une pratique ou une discipline rigoureuse. Sinon il y a un autre choix: celui d'accepter la main tendu par un être déjà pleinement réalisé tel que le buddha Vie-Infinie (Amida).***

Juste un mot tout de même sur "ne pas compter sur ses propres forces". Ici nous parlons bien de l'éveil et du moyen pour y accéder. Il 'a jamais été question chez les enseignants de cette lignée de l'appliquer dans les autres domaines de la vie. Je veux dire par là qu'il est utile de compter sur ses propre forces dans notre vie au quotidien: pour réussir un examen ou un concours, chercher un emploi ou combattre une maladie par exemple. Il n'y a pas de doutes là dessus et les fidèles de la Jôdo shinshû ne sont en rien moins volontaristes que les autres pour mener une vie "normale".





親鸞聖人
Inscription en haut à gauche "Shinran shônin" (litt. "le saint homme Shinran")



Outre le fait que nous vivons dans une période ou l'enseignement du Buddha décline (voir dans ici dans le premier commentaire) pour bien comprendre ce qui fait du dix-huitième vœu la pierre angulaire de l'enseignement de la Terre Pure, il est utile de se pencher sur un Sûtra: Le grand Sûtra de Vie-Infinie prêché par Shakyamuni:

Dans le second fascicule(section XXI) nous est décrit une scène où le buddha Shakyamuni montre le buddha Amida et sa terre pure à Ananda, son disciple le plus proche. Dans la section qui suit, le buddha s'adresse de nouveau à dernier(en présence également de Maitreya, le futur buddha) et lui demande si il a bien vu ce buddha Vie-Infinie, ce à quoi celui-ci lui répond par l'affirmative. Nous apprenons alors que deux types de naissances ont lieu là-bas: les naissances par transformation et d'autres dans une matrice. C'est pourquoi le futur buddha Maitreya demande au Buddha Shakyamuni (section XXIII):


   " Honoré du monde ! C'est en vertu de quelle cause, en vertu de quelle condition, que les êtres de ce pays y renaissent dans la matrice ou y renaissent par transformation? 

La réponse de l'éveillé Shakyamuni est : 


 " Si des êtres vivants , ont des doutes dans leur cœur et qu’ils cultivent leurs mérites dans le but de renaître en ce pays, s’ils mettent en doute toutes les sagesses, à savoir : la sagesse impérissable du Bouddha, la sagesse impensable, la sagesse indicible, la vaste sagesse du grand Véhicule, la sagesse inégalable, incomparable, suprême et excellente, si en outre, faisant confiance à la notion de bien et de mal, ils cultivent des racines de biens dans le but de renaître en ce pays, tous ces êtres vivants renaîtront dans ce palais et y passeront cinq cent ans sans voir le Bouddha ni entendre l’enseignement des soutras, sans voir la foule des bodhisattvas ni celle des Saints Disciples. C’est à cause de cela que, en ce monde, on parle de renaissance dans la matrice. 
Si, au contraire, des êtres vivants ont une foi pure dans la sagesse du Buddha et dans toutes les autres jusqu'à la sagesse excellente, en vertu du transfert en eux de la foi profonde pleine de mérites, tous ces êtres vivants iront tout naturellement renaître par transformation dans une fleur de sept joyaux et s'y trouveront assis, les jambes croisées."

"..si en outre, faisant confiance à la notion de bien et de mal, ils cultivent des racines de biens dans le but de renaître en ce pays.." correspond bien au 19ème vœu. 

".. ont des doutes dans leur cœur et qu’ils cultivent leurs mérites dans le but de renaître en ce pays.." correspond bien au 20ème.

et vous avez j'en suis sur tout de suite identifié le 18ème vœu ici, le vœu de foi.


Le palais: C'est le palais de la matrice appelé également les confins de la Terre Pure. Les êtres qui ont des doutes naîtrons ici. Au bout de 500 ans la foi finira par éclore en eux et ils iront naître pleinement en Terre de rétribution c'est-à-dire la vrai terre pure: la Terre pure  Inconcevable du Buddha Amida dans toute sa splendeur et sa complétude. 
Elle est dite de rétribution car le buddha en a été rétribué en vertu des ses vœux et de ses pratiques. Et c'est là qu'iront naître directement les êtres doté de la grande foi. Cette naissance est une naissance dite de transformation, car les êtres y sont transformés en Buddhas.
Attention: Il ne faut pas voir le palais de la matrice comme un châtiment. En effet, premièrement un buddha ne châtie pas et de plus cette région de la terre pure est supérieur au royaume des hommes mais aussi à celui des dieux. 














"Celui qui à la chance d'entendre le nom de ce bouddha et se met à exulter de joie, n'en serait-ce qu'en une seule pensée, sache que cet être en retire un grand profit. Considère qu'il est rempli d'insurpassables mérites."

Le Buddha Shakyamuni s'adressant au futur Buddha Maitreya
Le Grand Sûtra de Vie-Infinie prêché par Shakyamuni






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* Ailleurs Shinran écrira toujours à propos du "ne serait-ce que" que ce terme "nous montre clairement qu'il n'y a pas un nombre défini pour dire le nom".
De plus, sur le pourquoi des dix prononciations Shinran notera que c'est pour montrer que "le nom n'est pas limité à une seule prononciation".

** Les cinq perversions: Parricide, matricide, assassinat d'un saint, l'effusion intentionnelle du sang d'un buddha et le schisme de la communauté bouddhique.

*** A ceux qui diront qu'il vaut mieux compter sur ses propres forces, et qui de plus trouveront étrange de s'en remettre à une force extérieur, je pense qu'ils ne se considèrent pas comme bouddhistes, car si tel est le cas vous saisissez l'ironie et de leur positionnement.... :-) 
(vous ne voyez vraiment pas?>>> tapez "triple refuge" sur votre moteur de recherche) 
Je prends refuge dans la Sangha, 
Je prends refuge dans le Dharma,
Je prends refuge dans le (.......ça commence par un B..)

Mérites insurpassables : Ne plus reculer sur le chemin vers la bouddhéité totale et réaliser le Nirvana en terre pure une fois sa vie achevée.









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