Un grand Merci à toutes les lectrices et tous les lecteurs qui me suivent depuis plusieurs années maintenant. En effet je fête, nous fêtons, les 3 ans de ce blog, avec ses 42 articles (je ne compte pas les 3 annonces de réunions et le 5 articles sur le texte du Rev.Fujiwara ryosetsu, des copiés-collés d'un texte pdf) !
C'est une joie de voir que même si les lecteurs ne se comptent pas par dizaines, néanmoins 45 % reviennent au moins une fois sur ces pages. De plus, je peux voir grâce au bouton "+" de Google ( " recommander ce contenu surGoogle" ) situé en fin de chaque article que mes articles suscitent un peu d'intérêt et c'est tout ce qui me rempli de joie.Comme j'ai l'habitude de le dire, deux évènements me rendent heureux concernant mon blog :
1. De pouvoir faire découvrir notre tradition religieuse (même à un petit nombre)
2. Que les personnes qui le découvre en garde un bon souvenir. Quelque chose de positif.. même si il ne devait plus croiser notre route.
Avant que j'oublie : une spéciale dédicace à Arnaud de Bordeaux, un fidèle lecteur qui se reconnaîtra ! :)
Personnellement, cette année cela a été l'occasion (non calculée) de rencontrer pour la première fois, le Rev. Jôshô adrian cirlea, et de voir Serge, un autre disciple de Shinran sur Paris, à plusieurs reprises (qui m'a fait don de plusieurs ouvrages _/\_).
Je vous souhaite un beau et chaleureux réveillon et si vous buvez faîtes vous ramener (comme vous le savez) par un ou une ami(e) n'ayant pas bu.
Bonne annéeà vous et à vos proches tant sur le plan mondain que spirituel et à bientôt j'espère ! ^^
vincent
" Le Buddha de Lumière Inconcevable, notre Refuge,
Etant en présence du Buddha Lokeshvararaja,
Des Terres Pures des Dix Directions
Choisi et adopta le Vœu Originel. "
Jôdo wasan 56 composé par Shinran. Inspiré du Grand Sûtra.
C'est un plaisir et une joie de vous présenter ici six hymnes sont tirés des Jôdo wasan c'est à dire des hymnes en japonais - wasan 和讃 , sur la Terre Pure 浄土 jôdo. Chaque hymne est composé de quatre lignes. Ces hymnes sur le Terre Pure (tout comme ses autres wasans) furent achevés par maître Shinran dans sa 76ème année. Ses autres œuvres (dont le fameux KyôGyôShinShô) étant composés dans la langue classique du moment, le chinois (notre latin). Si ce recueil de 118 poèmes comprend des strophes s'appuyant aussi bien le Grand Sûtra que sur le Sûtra d'Amida et le Sûtra des contemplations (entre autres), les six présentés ici appartiennent aux 48 premiers hymnes, inspirés de l'œuvre du Maitre chinois Tan Luan (jap. Donran) (476-542) : le San Amida Butsu ge ou Gathas en louange au Buddha Amida. La présente traduction en anglais est tiré des Ryukoku translation series de la célèbre université nippone Ryukoku dans son édition de 1965. J'ai traduis moi-même les wasans de l'anglais (désolé) avec tout l'inconfort que cela peut emmené de ne pas traduire directement à la source (en japonais), vous m'en voyez désolé. De plus mon anglais n'est pas le meilleur qui soit. Voilà pourquoi j'ai préféré laissé la traduction anglaise, du moins pour les strophes elles-mêmes. N'hésitez pas à me signaler une mauvaise traduction. Quant aux texte en italique à droite de chaque poème japonaise il s'agit de la phonétique de ce dernier. En espérant que vous apprécierez ces quelques lignes qui sont une belle façon qu'a eu Maître Shinran d'exprimer la Foi octroyé par le Buddha. Les Hymnes en japonais ont peut-être l'avantage sur d'autre œuvre du Maître d'être courts et rythmés de façon qu'il est aisé de les chanter. Rennyo, le 8e patriarche de la Jôdo Shinshû ne s'y trompera pas en les intégrant aux cérémonies quotidienne de l'école. En effet ceux-ci sont chantés par six après le Shoshinge, un long poème de Maitre Shinran tiré de son KGSS. Les Hymnes tout comme le Shoshinge étant publiés pour la première fois par Rennyo en 1473. Bonne lecture à vous toutes et tous , et Joyeux Noel !
Note : Dans l'enregistrement ci-dessous chaque hymne est introduit par un Nembutsu (Lit. Penser au Bouddha). Ici Namo Amida Bu, forme contractée de Namo Amida Butsu : J'ai pris refuge dans le Bouddha Amida.
Audio des Hymnes de la Terre Pure 3 à 8
(3) 弥陀成仏の1Mida jôbutsu no
このかたはkonokata wa
いまに十劫をImani Jikko o
へたまへりHe Tamae ri ;
法身の光輪Hosshin no Kôrin
きはもなくKiwa mo naku
世の盲冥をSe no mômyô o
てらすなりTerasu nari.
From the time Amida Became a Buddha
Till the
present, ten kalpas2have elapsed ;
The Dharma
body's3 light4 bounlessly
Shines on
the darkness5in the world.
Du temps où Amida est devenu un Buddha
Jusqu'a présent, dix kalpas se sont écoulés;
La lumière du Corps du Dharma infiniment
Brille sur l'obscurité en ce monde.
~ ~ ~
1. Cet hymne est basé sur le gâthâ suivant du San Amida
Butsu Ge (SSZ. I, 350) :
Dix Kalpas ont passé depuis qu'il a atteint la Bouddhéité ;
Sa vie est vraiment sans mesures,
La Lumière de son Corps du Dharma envahi l'Univers,
Et brille sur l'obscurité dans le monde. D'où, je
l'adore.
2. Jikkô 'Dix kalpas' D'après l'exposition de Shakyamuni dans le Grand Sutra , le Bodhisatva Dharmakara devint un Buddha
Nommé Amida il y a dix 'Kalpa (SSZ. I, 15; see SN. 2.). 'Kalpa' est une longue période de
temps incalculable. Pour une exposition de kalpas voire Shôshin ge,19, fn.2
3. Hosshin 'Corps du Dharma' , 'Dharmkaya' en sanskrit. Ici
cela réfère au corps du Dharma des moyens habiles (Hôben Hosshin), qui est l'un
des aspect du double corps du Dharma ainsi classifié par Donran (Tan Luan.ndm).
C'est le corps venant de la nature du Dharma afin de guider les êtres
sensibles à l'Illumination .Amida Buddha comme l'objet de notre foi et
adoration, est le corps du Dharma des moyens habiles. Voir Tanni Shô, 101,
SN.24.
4. Kôrin Lit. ''Roue-Lumière'. Se réfère au cercle de lumière ou
halo entourant le Buddha Amida. Le terme est aussi interprété comme la lumière
qui, comme la roue du Chkravartin, détruit les obstacles.
5.Mômyô Lit: 'Cécité et obscurité'
____________
(4)1智慧の光明
Chie no kômyô
はかりなし Hakari nashi .
有量の諸相Uryo no shosô
ことごとく kotogotoku ,
光暁かぶらぬ Kôgyô kafura nu
ものはなしmono wa nashi ,
真実明に Shinjitsumyô ni
帰命せよ kimyo seyo.
Immeasurable is the Light of Wisdom.
Of all
beings with limited attributes,2
None is
there unblessed by the Light.3
Take refuge
in the True Illumination.4
Sans mesures est la Lumière de Sagesse.
De tous les êtres aux attributs limités,
Là nul n'est point béni par la Lumière.
Prenez refuge dans la Véritable illumination.
~ ~ ~
1. Cet hymne est basé sur le gâthâ suivant du San
Amida Butsu Ge (SSZ. I, 350) :
Sans mesure est la Lumière de Sagesse;
Ainsi le Buddha est appelé 'Lumière sans mesures'.
Tous les êtres limités sont béni par la Lumière.
D'où, Je m'incline totalement devant le véritablement illuminé.
2. Uryo no shosô 有量の諸相 : 'Uryo', lit 'Ayant de la mesure', signifie 'une chose
capable d'être mesurée'. 'Sô' 相 signifie
'attribut'. D'où, 'attributs limités'. 'Shôsô', lit. 'attributs variés' se
réfère aux êtres sensibles, parce qu'ils ont une variété d'attributs.
3. Kôgyô 光暁:
Lit. 'l'aube lumineuse'. Quand le soleil de sagesse d'Amida se lève, donnant
de la Lumière à l'obscurité de notre ignorance, l'aube crée une fissure dans notre
horizon spirituel.
4. Shinjitsumyô 真実明 : 'Celui qui est véritablement illuminé ou 'Vrai illumination' La lumière
d'Amida qui incarne la sagesse de vérité nous illumine à notre ignorance et
perversion; d'où, Amida est appelé 'Véritable Illumination' .
____________
(5)1解脱の光輪
Gedatsu no Kôrin
きはもなし kiwa no nashi,
光触かぶるkôsoku kafuru
ものはみなmono wa mina,
有無をはなるとU-mu o hanaru to
のべたまふnobe tama fu.
平等覚にByôdôgaku ni
帰命せよ
Kimyô seyô.
Bounless is the Light-wheel of Deliverance.2
All those
illuminated by the Light
Are freed
of beings and non-being,3says the Buddha.
Take refuge
in the equal Bodhi.4
Illimitée est la Roue de Lumière de la Délivrance.
Tous ceux illuminés par la Lumière
sont libres des 'êtres et non-êtres', dit le Buddha.
Prenez refuge dans la Bodhi de l'égalité.
~ ~ ~
1. Cet hymne est basé sur le gâthâ
suivant du San Amida Butsu Ge (SSZ. I, 351) :
Illimitée est la roue du Dharma de la délivrance;
Alors le Buddha est appelé 'Lumière Illimitée'.
Ceux touchés par le lumière sont libres des ens et
non-ens.
D'où, je m'incline totalement devant l'illumination qui est égale.
2. Gedatsu 解脱
: 'Delivrance' ou 'Liberation', i.e délivrance ou libération des obstacles de
la Vie et de la mort. 'Délivrance se réfère à la délivrance des êtres sensibles
de la Vie-et-mort à travers le Pouvoir d'Amida.
3. U-mu 有無 : 'Etre et non-être', 'existence et
non-existence'. Les esprits Ordinaires, non illuminés sont perversement attachés soit à la
vue de la substance soit au nihilisme. La Lumière d'Amida s'introduit à travers
leurs attachements érroné, et, ainsi, les délivre de la transmigration.
4 Byôdôgaku 平等覚 : 'L'Eveil qui est égal ou l'Illumination qui est égale'. Les Buddhas sont illuminés à la vérité de
l'égalité ultime de toutes choses. Ayant lui même réalisé la Vérité, Buddha
Amida nous permettra d' atteindre la même illumination. Ici, le terme est
utilisé comme un épithète du Bouddha Amida.
____________
(6)1光雲無碍Kôun no muge
如虚空nyo kokû;
一切の有碍にIssai
no uge ni
さはりなしSawari nashi.
光沢かぶらぬKôtaku
kafura nu
ものぞなきmono
zo naki.
難思議をNanjigi o
帰命せよkimyô
seyo.
Unhindered like space is the Light-cloud,2
Free from
all impediments.
None is
there unblessed by the light.3
Take refuge
in the Inconcevable One.
Sans entraves tel l'espace est le nuage de Lumière,
Libre de tout empêchements.
Ici nul n'est point béni par la Lumière.
Prenez refuge dans l'Inconcevable.
~ ~ ~
1. Cet hymne est basé sur le Gâthâ suivant (SSZ.
I, 351) :
Le nuage-lumière est sans entraves comme l'espace ouvert;
Ainsi le Buddha est appelé 'Lumière sans entraves'.
Tous ceux avec des obstacles sont béni par la Lumière.
D'où, je me prosterne et adore l'Inconcevable.
'Mugekô' 無碍光 , 'Lumière sans entraves', est le troisième des dix épithètes du Buddha Amida.
2. Kôun 光雲: 'Lumière-nuage'. En littérature
indienne, un 'nuage' métaphoriquement signifie 'propagation', 'fertilité', ou
'bénéficiant de la pluie'. Ainsi est décrite ici la lumière omniprésente.
3. Kôtaku 光沢 : 'le
bénéfice de la lumière'. La lumière d'Amida bénéficie aux êtres sensibles en
les emmenant à maturité pour le salut ou en les protégeant des maux et
des obstacles.
4. Nanjigi 難思議
:'L'Inconcevable'. L'un des épithètes d'Amida décrivant le travaille
Inconcevable de Sa Lumière.
____________
(7) 1清浄光明Shôjo Kômyô
ならびなしnarabi nashi
遇斯光のGushiko no
ゆゑなればYuhe nare ba
一切の業繋もIssai no gôke mo
のぞこりぬnozokori nu
畢竟依をHikkyoe o
帰命せよkimyô seyo.
Inequaled is the Pure, Clean Light.
When we
meet (and trust) this Light,2
All our
karmic bonds3 are removed.
Take refuge
in the Ultimate Resort.4
Inégalée est la Lumière Pure, sans obstacles.
Quand nous rencontrons (et avons foi en) cette Lumière,
Tous nos attachements karmiques sont ôtés.
Prenez refuge dans l'Ultime recours.
~ ~ ~
1. Cet hymne est basé sur le Gâthâ suivant (SSZ.
I, 351) : Inégalée est la lumière de Pureté Donc le Buddha est appelé 'lumière inégalée' Ceux rencontrant la lumière sont débarrassés des attachements karmiques. D'où je m'incline devant le recours ultime.
2. Gushikô 遇斯光 : 'Rencontrer cette lumière.' Signifie croire en Amida
Buddha. Dans l'interprétation de Shinran, 'gu'遇 signifie 'rencontrer'; 'rencontrer' signifie 'croire' dans le
Pouvoir du Vœu. Voir Ichinen Tanen Mon'i, SSZ II, 617.
3. Gôke 業繋 : 'attachements karmiques ou
entravements'. Comme le résultat du mauvais karms, nous sommes enchaînés aux
entravements de la Vie-et-de-la-Mort.
4. Hikkyôe 畢竟依
:'Dernier ou Ultime Recours'. La note marginale de l'auteur concernant 'hikkyo'
dit; 'Cela signifie que (il) à en fin de compte- i.e.n'a rien laissé partir -
réalisé l'illumination du Corps de la Bodhi'. C'est à dire, Amida a atteint
l'Ultime Illumination, et Amida tel quel devient pour nous l'Ultime Recours.
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(8)1仏光照曜
Bukkô Shôyô
最第一Saidaiichi
光炎王仏とKôennô Butsu to
なづけたりNazuke tari
三塗の黒闇Sanzu no kokuan
ひらくなりHiraku nari.
大応供をDaigu o
帰命せよkimyô seyo.
With utmost brightness the Buddha's Light shines;
We call Him
'Buddha of Majestically flaming Light'.2
He breaks
the darness of the three realms.3
Take Refuge
in the Great Arhat.4
Avec le plus grand éclat brille la Lumière du Buddha;
Nous l'appelons 'Buddha de Lumière majestueusement flamboyante'.
Il déchire l'obscurité des trois destinées.
Prenez refuge dans le Grand Arhat.
~ ~ ~
1. Cet hymne est basé sur le Gâthâ suivant (SSZ.
I, 351) :
Avec la plus grande brillance brille la Lumière du Buddha;
Donc le Buddha est appelé 'Lumière majestueusement
flamboyante'
L'obscurité des trois destinées reçoit la bénédiction de la
Lumière.
D'où, je me prosterne et adore le Grand digne d'aumône.
2.
Kôennô Butsu 光炎王仏 :
Lit. 'Buddha roi flamme-lumière'. Le cinquième des douze épithètes du Buddha Amida. Il est appelé ainsi parce que sa lumière est la plus brillante
de toutes les lumières de Buddha. Cf Larger Sûtra (SSZ. I 16): "La
lumière divine du Buddha de Vie Infinie étant la plus majestueuse, aucune
lumière de Buddha ne peut l'égaler.
3.Sanzu Lit. 'Trois tourbières' Se réfère au trois destinés
de l'enfer (voie de l'enfer), animaux (voie du sang), et les esprits
combattants (voie de l'épée).
4. Daiôgu 大応供 :est une traduction chinoise du
sanskrit 'Arhat' ayant la signification de 'méritant' i.e. méritant l'aumône.Le
nom est appliqué aux sages qui ont épuisé leurs mauvaises passions, méritent le
don d'aumône des gens et leur adoration. C'est aussi l'un des dix épithètes du
Buddha.
Je vous souhaite également à toutes et tous de très belles fêtes de fin d'année ! Passez de joyeux réveillons et n'oubliez pas que celui qui boit ne conduit pas ! vincent
1. Si la foi est la vraie cause pour la naissance dansla Terre pure et l'éveil, quelle est la nature du nembutsu? 41
- Dans le Shinshū, le nembutsu est la manifestation de notre foi intérieure, c'est-à-dire l'expression spontanée de notre gratitude envers Amida pour nous avoir délivrés (shōmyō hōon). De même que la foi est éveillée par le Pouvoir autre, le nembutsu est aussi éveillé par le Pouvoir autre. Par conséquent, nous ne devons avoir aucun attachement à notre propre action de le prononcer.
2. Comment pouvez-vous dire cela ? Le 18e vœu semble requérir
le nembutsu comme condition pour
la naissance dans
la Terre pure ! 42 - Dans la tradition de l'enseignement de la Terre pure en général,
jūnen est compris comme signifiant « dix prononciations du nom du Buddha »;
tandis que naishi y signifie « même », « jusqu'à ». Mais Shinran
interprète naishi comme un
mot signifiant « plusieurs et un seul »43. Le terme naishi ne limite pas le nombre de nembutsu ni sa durée dans le temps.
Ainsi, naishi-jūnen ne signifie pas nécessairement dix prononciations
exactement : l'expression implique n'importe
quel nombre, depuis
des répétitions innombrables
jusqu'à une seule prononciation. La prononciation du nom ne peut être la
condition ni la cause de la naissance dans la Terre pure : elle ne constitue
que l'expression spontanée de notre foi intérieure. Shinran dit ainsi dans
le Kyōgyōshinshō: « La foi véritable est nécessairement
accompagnée du nom. »44
3. Nous ne
devons donc pas
considérer la prononciation du nembutsu comme notre propre
mérite ?
- Non. Dépourvu d'ego, cenembutsu provient de la bienveillance d'Amida, comme dans le cas de la foi.
LeTannishō(ch. 10) dit : «Dans lenembutsu, c'est le non-sens (mugi)quiestsens(gi);parcequ'ilestincalculable, inexplicable et
inconcevable. » L'absence de calcul et d'ego, ainsi que la foi de tout notre
cœur constituent notre attitude de base, [comme dans la formule d'ouverture des
sūtra qui dit :] « Voici tel quel ce que j’ai entendu» (nyoze ga mon)45.
4. La foi et le nembutsu apparaissent-ils simultanément ? Si
non, lequel vient-il en premier ? - La
foi est éveillée en premier, et notre naissance dans la Terre pure est
aussitôt fixée dès cet instant-là. Il n'y a aucune place pour que la
prononciation du nom
s'immisce dans ce
moment-là. Le nembutsu suivra
l'éveil de la foi; il se manifestera à voix haute ou à voix basse,
de manière continue
ou intermittente, chaque
fois qu'un sentiment de joie et de gratitude s'élève dans notre cœur.
5. Dans le Tannishō (ch. 2), Shinran exprime sa foi en disant qu'elle ne consiste en rien d'autre qu'en l'enseignement de son maître Hōnen, soit : « Nous serons délivrés par 'Mida seulement grâce au nembutsu. » N'est-ce pas en contradiction avec votre explication précédente sur la foi et le nembutsu?
- L'enseignement de Hōnen et de Shandao se caractérisait par l'insistance sur le nembutsu, par contraste avec les diverses autres pratiques requises par les autres écoles. Cependant, dans l'enseignement de Hōnen et de Shandao, le nembutsu consiste en une prononciation du nom d'Amida fondée sur la foi véritable. Il ne s'agit pas d'un nembutsu du pouvoir personnel mais de la
méthode caractéristique de la délivrance proclamée par Amida dans son vœu. Shinran utilisait aussi l'expression « nembutsu » notamment lorsqu'il se référait à l'enseignement de Shandao ou de Hōnen.
6. Le nembutsu est-il « l'expression de la gratitude » ou « lagrande pratique»?
- Nous prononçons le nembutsu spontanément, comme une expression de bonheur et de gratitude : nous ne trouvons donc aucun mérite dans notre propre prononciation. Mais cependant, d'une manière plus essentielle, les mérites absolus incorporés dans le saint nom lui-même le constituent en « la grande pratique » (daigyō), laquelle a été accomplie par Amida et se trouve en accord avec l'ainsité - comme l'a établi Shinran dans le volume de la pratique du Kyōgyōshinshō 46.
7. Le nembutsu
consiste-t-il en la prononciation du
« nom en six caractères», de
celui « en neuf caractères»ou encore de celui « en dix caractères»?
- Le nom en
six caractères chinois est Na.mo A.mi.da Butsu,
qui signifie :
« Révérence
au Buddha Amida ! »,
et c’est le plus répandu47. Mais on sait historiquement que Shinran et
ses disciples prononçaient
occasionnellement le nom en
neuf caractères ou celui en dix caractères.
Le nom en neuf
caractères est Na.mo Fu.ka.shi.gi.kōNyo.rai,
ce qui signifie
: « Révérence
au Venu-de-l’ainsité
Lumière-Inconcevable !»48
Celui en dix
caractères est Ki.myō jin.jip.pō Mu.ge.kō Nyo.rai et
signifie : «
Je m’en remets
auVenu-de-l’ainsité Lumière-Illimitée remplissant les dix directions !
»49
Ces deux
dernières formulations expriment la foi dans le Buddha Amida et
ne diffèrent donc
pas du contenu
du nom en six caractères.
8. Le nembutsu doit-il se prononcer en japonais ou en traduction ?
- Le nom en six caractères est une transcription phonétique du sanscrit au moyen de caractères chinois. Par la suite, il fut épelé avec l'alphabet japonais, puis latin. Dans le cas du nom en neuf caractères et de celui en dix caractères, il s'agit entièrement de traductions chinoises prononcées en japonais, à l'exception de l'expression namo, transcrivant le sanscrit. Comme notre Fondateur Shinran passe pour avoir utilisé aussi bien la formule en transcription que celles en traduction, nous pouvons tout aussi bien prononcer le nembutsu en japonais, en anglais ou dans quelle qu’autre langue que ce soit. Le point vital, c'est que la foi constitue la base du nembutsu.
9. Le nembutsu doit-il prendre une forme spéciale ou peut-il
être prononcé dans des formes simplifiées ?
- Au cours de
la longue histoire
de la pratique
bouddhique, plusieurs formes de
nembutsu sont apparues, mais le Shinshū ne requiert aucune
prononciation formalisée, sauf
dans le cas des
liturgies. Certaines gens
le prononcent à
la manière régulière
« Namo Amida Butsu »,
d'autres dans la
forme simplifiée « Nam'an-da bu». Selon les circonstances, on
peut même ne pas avoir plus de temps que de dire une seule syllabe, comme «
Nah» ou « Ah». Enfin, certains peuvent
se trouver dans l'impossibilité de le prononcer et le disent dans le silence de
leur cœur. Quoi qu'il
en soit de
ces différences superficielles, elles
ne changent absolument rien à la valeur
du nembutsu, parce
que tous les mérites sont incorporés dans le saint nom
lui-même,et non dans la forme de sa prononciation.
Mugeko Nyorai : Le Tathagata Lumière Infinie
_______________________
41 Ce chapitre utilise le terme nembutsu dans le sens spécifique de « nembutsu jaculatoire » (shōmyō nembutsu), autrement dit : la
prononciation du nom du Buddha Amida. 42 Le 18 e vœu dit en effet : « ne serait-ce (naishi) qu'en dix nembutsu (jūnen) »; cf. plus haut : IV-6. V. aussi Le Gué, p. 91. 43 Kyōgyōshinshō, ch. II-77 (CWS, p. 56). 44 Ch. III-50 (CWS, p. 107).
45Voir Shinran : Kyōgyōshinshō, ch. VI-37 (CWS, p. 227).
46 Ch. II-1 (CWS, p. 13).
47 Il vient du Sūtra des contemplations; cf. Le Gué, p. 88-89, 149. 48 La formule s'inspire du Poème louant le Buddha Amidade Tanluan.
49 La formule ouvre le Traité sur la Terre purede Vasubandhu.