mercredi 6 novembre 2013

'Le Buddha Amida' par Fujiwara ryosetsu (Suite de 'Un modèle de la foi Jôdo-Shinshû')


Le Saint Nom en Six caractères : Na.mo. A.mi.da. Butsu 
calligraphié par Rennyo (8e patriarche de la Jôdo Shinshû)




Un modèle de la Foi du Jôdo-Shinshû par le révérend Fujiwara ryosetsu.(Gasshô) Suite.



II. Le Buddha Amida




1. Dans le Shinshū, quel est l'objet de la foi ?
- Les disciples du Shinshū ont une foi absolue dans le seul Buddha Amida. Cependant, ils révèrent et respectent également tous les autres Buddha, parce qu'ils font tous un avec le Buddha Amida.


2. Quelle sorte de buddha est Amida ?
-  Philologiquement,  le  nom  Amida 阿弥陀 est  la  transcription sino-japonaise  du  sanscrit  Amita,  qui  signifie «  infini  ».  En sanscrit,  Amita est combiné avec ābha, signifiant « lumière », etavec  āyus, signifiant « vie ». De sorte que nous avons les noms Amitābha et  Amitāyus, signifiant   respectivement  « Lumière-Infinie » et  « Vie-Infinie ». Ces noms révèlent qu'Amida est le Buddha à la lumière et à la vie infinies.


3. Que signifie « buddha»?
-  Buddha(butsu ) signifie « éveillé » ou « celui qui a atteint le parfait éveil ».


4. Le Buddha Amida est-il le créateur du monde, ou un souverain, ou encore un juge ?
- Le  bouddhisme  rejette  de  telles  conceptions.  Il  enseigne  les théories du karma(gō), de l'impermanence (anitya,  mujō),de  l'absence  d'ego  (anātman,  muga ),  de  l'interdépendance (hetupratyaya,  innen ), etc.; il explique aussi l'origine et les changements affectant toutes les existences. Pour  des  gens  non  avertis,  le  Buddha  Amida  peut  sembler  un créateur ou un souverain du monde; mais, en fait, il ne l'est pas du tout. Il a compris la réalité universelle et, dans le Shinshū, il est considéré  comme  une  manifestation  de  la  nature  de  la  Loi (dharmatā,  hosshō) elle-même. Il est pourvu de la sagesse et de la compassion parfaites et ne distribue donc aucune punition, même à ceux qui ne suivent pas son enseignement immédiatement. Pourvu  de  la  compassion  absolue,  il  s'efforce  infatigablement d'amener ces derniers à prendre graduellement conscience de son vœu universel ainsi que de la nature réelle du Dharma.



5. Combien de Buddha existent-ils ?
-  Les  sūtra  affirment  que  le  nombre  des  Buddha  dans  les  trois temps - passé, présent et futur - est infini, dépassant en nombre les grains  de  sable  du  fleuve  Gange.  Le  bouddhisme  enseigne  que tous les êtres possèdent la potentialité de devenirun buddha. Par conséquent, il est naturel que d'innombrables buddha viennent à exister.


6. Quelle est la nature du Buddha Amida ?
- Pour répondre à cette question, nous devons d'abord comprendre les « trois corps » (trikāya,  sanshin) d'un buddha.        Les trois corps  sont  :  le  corps  de  la  Loi  (dharmakāya,  hosshin),  le corps  de  rétribution (saṃbhogakāya,  hōjin)  et  le  corps  de transformation  (nirmāṇakāya,  keshin).  (On  parle  parfois aussi de « quatre corps », auquel cas le corps d'adaptation - ōjin - est dérivé du corps de transformation.)
   Le  corps  de  transformation est  représenté  par  le  Buddha Śākyamuni, en tant que buddha historique apparu dans  le monde sous une forme physique. 
   Le corps de rétribution, c'est un buddha en tant qu'il a atteint le résultat de l'éveil par le parfait accomplissement de ses vœux et de sa pratique. Le Buddha Amida est un corps de rétribution : ayant établi  quarante-huit  vœux,  il  a  atteint  l'état  de  buddha  en  les amenant à leur terme grâce à sa pratique.


7. Quelle est la nature du corps de la Loi ?
Le corps de la Loi, c'est la vérité ultime elle-même; elle se révèle dans et à travers le corps de rétribution, tout en se manifestant sur le plan historique comme le corps de transformation.


8. Cet aspect de la bouddhéité a-t-il d'autres noms ?
- Le corps de la Loi est identique avec ce que l'on dénomme « ainsité » (tathatā), « ainsité unique » (ichinyo), « nature de la Loi » (dharmatā, hosshō), « nirvāṇa», etc. Cet aspect a été également exprimé comme « le corps de la Loi en tant que nature de la Loi » par Tanluan, lorsque celui-ci expose le« double corps de la Loi » (nishu-hosshin )14


9 Pourquoi le corps de la Loi lui-même n'est-il pas directement vénéré dans le Shinshū?
Le corps de la Loi transcende absolument l'espace et le temps. Il ne peut être appréhendé par les sens de l'homme; il se situe au-delà des conceptions, des mots et de l'intelligence humaine. Cependant, le  sentiment  religieux nécessite  quelque  chose  qui  soit humainement plus proche, quelque chose de plus concret. Et cette manifestation concrète est le  corps de rétribution, connu dans le Shinshū comme le Buddha Amida.


10. Qu'est-ce que le « double corps de la Loi»?
- C'est une autre analyse de l'état de buddha, qui a été exposée par Tanluan. Le double corps de la Loi est constitué du« corps de la Loi en tant que nature de la Loi » (hosshō-hosshin) et du « corps de la Loi en moyens adaptés » (hōben-hosshin). Tanluan explique que tous les buddha et bodhisattva possèdent ces deux aspects et que ceux-ci sont nécessaires à la délivrance des êtres.


11Quelle est la relation entre le double corps de la Loi et les trois corps ?
- Le  corps de la Loi en tant que nature de la Loi est identique au corps de la Loi (dharmakāya), tandis que le  corps de la Loi en moyens  adaptés correspond  au  corps  de  rétribution (saṃbhogakāya).


12Quelle est donc la différence entre le corps de rétribution et le corps de la Loi en moyens adaptés ?
- En  essence,  il  n'y  a  aucune  différence.  Cependant,  ces deux termes se réfèrent à deux aspects différents du Buddha Amida. Ainsi, par exemple, le corps de rétribution se réfère au processus à travers  lequel le bodhisattva Dharmākara  («  Trésor-de-la-Loi », Hōzō ) est devenu le Buddha Amida en rétribution tant de son vœu  que  de  sa pratique,  qui  amena  ce  vœu  à  son parfait accomplissement.
Tandis que le corps de la Loi15 en moyens adapté s'exprime dans un nom  et  une  forme  cette  réalité  que  le  Buddha Amida  est  une manifestation  de  la  nature  de  la  Loi, laquelle  est  sans  forme, invisible et transcendante. Cette manifestation de  l'ainsité unique est  également  dénommée «  celui  qui  est  venu  de  l'ainsité  » (tathāgata,  nyorai).  Le Buddha  en  ce  stade  manifeste  ses caractéristiques excellentes  et  se  révèle  lui-même  à  travers  son nom : « Namo Amida Butsu»南無阿弥陀佛 . Il a aussi réalisé tous ses vœux à travers sa pratique. Or, tant ses vœux que sa réalisation prennent  place  dans  le  cadre  de  la  loi  de cause  à  effet16 :  il  correspond donc au corps de rétribution
Par conséquent, malgré des différences superficielles, le corps de rétribution et le corps de la Loi en moyens adaptés doivent être considérés comme étant essentiellement identiques.



13. Où réside le Buddha sous cet aspect ?
- Le Grand Sūtra enseigne que le Buddha Amida a établi sa Terre pure  à  l'ouest,  au  profit  de  tous  les  êtres  souffrants,  et  c'est  là qu'Amida lui-même réside17.


14.  Comment  les  êtres  ordinaires  comme  nous  peuvent-ilspercevoir l'existence du Buddha Amida ? 
- Voilà une question vitale sur le plan religieux.  Plusieurs sages affirment qu'un saint très doué et diligent peut percevoir le Buddha Amida  à  travers  les  pratiques méditatives.  Cependant,  Shinran réalisa que cela est impossible pour le commun des  mortels, dont  les  vues sont obscurcies  par  les  passions  humaines. C'est  pour cette raison que les grands maîtres de l'enseignement de la Terre 
pure ont mis en évidence le saint nom du Buddha Amida, soit « Namo Amida Butsu», qui incorpore les mérites infinis d'Amida. C'est seulement à travers ce nom que le commun des mortels, avec leurs  corruptions  et  leur  ignorance,  en arrive  à  réaliser  la compassion d'Amida  et à devenir solidaire  avec lui18.Et  c'est à travers  la  compassion d'Amida  que  le  commun  des  mortels  se trouve pourvu de sa vie et de sa lumière infinies. 


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14  
V.  son  Commentaire  au  Traité  sur  la  Terre  pure (vol.  2;  Inagaki, 
p. 264-265).


15   « Manifestation »,  ou  mieux :  « personnification ».  Car  la  conjonction 
d'un nom (nāma) et d'une forme (rūpa) constitue la définition bouddhique 
classique d'une « personne » (nāmarūpa). Pour Shinran, la forme du Buddha 
Amida  est  la  lumière  infinie  de  sa  sagesse  illimitée.  V.  Ducor,  Shinran, 
p. 110.

16  
Cf. plus bas : V-9.

17  Son nom est  Bonheur-suprême  (Gokuraku  極樂), ou  La Bienheureuse
(Sukhāvatī); v. aussi le Sūtra d’Amida(§ 2). La direction de l’ouest n'est pas 
restrictive  :  le  Commentaire de  Shandao  (vol.  3)  explique  que  les  sūtra  « 
indiquent une direction et établissent des marques  » (shihōrissō ) 
parce  que  les  êtres  seraient  incapables  de  fixer  leur  attention  sur  une 
description abstraite du  Buddha Amida sous l’aspectde l'ultime réalité du 
corps de la Loi (Ducor, Terre pure, Zen et autorité, p. 90, 95). 

18 
Les maîtres postérieurs à Shinran rendent cette notion par l'expression « 
solidarité du Buddha et des êtres ordinaires » (butsu-bon ittai).

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Les autres parties : 
1-  Notions préliminaires

3- la fonction du nom 
4- la relation entre le nom et le vœu  
5- La nature de la Foi
6- La signification du Nembutsu

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